La photo de nature a t’elle encore un sens?
IA vs photographe
A l’heure où l’intelligence artificielle, dopée par des capteurs numériques toujours plus puissants, s’invite dans le plus basique des smartphones et permet à n’importe quel individu d’afficher avec fierté une photo instagramable, le photographe qu’il soit professionnel ou amateur passionné a t’il encore sa place dans ce monde frénétique de l’image instantanée?
Ce débat aurait pu ressembler à celui du début des années 2000 où pro-numériques et pro-argentiques se disputaient sur la qualité finale de la photo. Si ce débat technique est bel et bien terminé, la nouvelle avancée technologique que représente l’intelligence artificielle dans le domaine photographique dépasse malheureusement le propos qualitatif du résultat obtenu. En effet se posera bientôt la question de qui sera vraiment l’auteur de la photo, l’homme ou l’algorithme? car le fait de prendre un sujet en photo et de le soumettre aux désirs aléatoires des calculs de rendus informatiques en fait elle une photographie authentique? Le fait de signer en dernier lieu ce résultat algorithmique suffit-il à le transformer en oeuvre d’art? Pourquoi pas, mais s’agit encore de photographie dans le sens de la perception initiale qu’un photographe «classique » aura de son regard au moment de la prise de vue? pour ma part j’en doute…et cela pour une question d’honnêteté créatrice!
Cela peut-être perçu comme arrogant ou prétentieux! Et bien oui j’assume mon dégoût de l’IA quand elle se subsitue à la fainéantise et au mauvais goût! Alors photographes soyons arrogants et prétentieux et revendiquons une photo libre d’intelligence artificielle!
Photos d’animaux truquées
Cela m’amène à un autre sujet photographique où cette fois-ci l’intelligence artificielle n’y est pour rien. Il y a quelques semaines sont parues dans la presse quelques articles dénonçant le business d’affuts de luxe de certains photographes animaliers en Scandinavie. L’Afrique a bien ses safaris me direz-vous! Cette mise en lumière de pratiques douteuses rejoint finalement le désir de tout photographe de réaliser la photo parfaite. Si aux premiers abords cela peut paraître acceptable dans une volonté artistique ou de témoignage documentaire, cela devient problématique quand il s’agit de participer à des concours internationaux qui seront relayés dans tous les médias, récompenses financières à la clé! Dans les Pyrénées, cette pratique existe déjà depuis fort longtemps et nombreux sont les photographes à avoir déposer des carcasses pour assister in situ aux repas fascinant des vautours. Dans les Asturies on loue des parcelles privées pour photographier l’ours à quelques centaines de mètres. D’autres posent des caméras automatiques et appâtent les ours pour saisir l’instant. En tant que photographe de nature je ne m’autorise pas ces pratiques dans mon travail, mais je ne les condamne pas non plus, chacun a sa propre conscience. Je préfère passer des jours et des semaines à rater des photos, sous la pluie, dans le froid, aux abords de la nuit que d’accepter une photo semi-automatisée. Mais dans le fond, le photographe n’est-il pas le pantin des nouvelles normes technologiques et médiatiques? finalement, ne serait-ce pas la société dans son ensemble qui serait pervertie dans sa vision et sa perception idyllique de la nature…ou photographe d’y répondre ou pas.